Judith Bernard et François Fillon

Voilà le début d'un article de Judith Bernard, que je vous invite cordialement à lire en entier sur le site d'@si (cliquez sur le titre). Et d'une manière générale n'hésitez jamais à lire les articles de Judith qu'ils sont très bien qu'on apprend à causer la france comme qui faut. Plus sérieusement elle propose un décryptage intelligent des discours ...

Lundi matin, c’est la rentrée : sortir de la douche, dans le babil quotidien de France Info, et reconnaître entre serviette et buée la voix de notre premier Ministre, François Fillon.

Le timbre, fort grave et très légèrement nasal, est chaud, et il faut bien le reconnaître : agréable, sécurisant, confortable. Le très coté ministre a cet atout indiscutable, avec son physique ordinaire et sa bonne voix virile et tranquille : il rassure. Et il assure : tout aussi à l’aise au chaud dans le studio de France Info que sa voix est pépère tout au fond du thorax, il peut dérouler sereine sa berceuse du réformateur tenace et content. Car il est content, Fillon, il a des motifs de satisfaction. Ecoutez pourquoi Fillon est si content...

Effet de la douche ? Ces propos m’ont glacée. Pourtant ils auraient pu sonner comme l’aveu d’une faiblesse, voire d’une défaite : faute de pouvoir se réjouir d’avoir changé la vie des gens, le politique se flatte d’avoir changé leurs discours. Tu parles d’une victoire : les « débats », comme il répète inlassablement, ont changé, et les thématiques qui occupent désormais les Français sont celles que son camp promouvait. Les Français n’ont certes pas été tirés du marasme où ils s'enfoncent, mais ils parlent enfin comme on voulait qu’ils parlent : « On a emmené les Français sur le terrain idéologique que nous souhaitions et je pense que c’est une grande satisfaction. »


Glacée, je vous dis. Glacée que s’assume avec autant de sang-froid cette réduction du politique à la manipulation idéologique : car c’est bien de cela qu’il est question. Ce dont Fillon se vante ici le plus tranquillement du monde, c’est de la confiscation du débat au profit d’une seule idéologie.